Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

Isabel Allende : La maison aux esprits

La Maison aux esprits  de Isabel Allende    4,75 (26-01-2013)

 

La maison aux esprits (476 pages) est paru en 1984 aux Editions Fayard, puis en 1986 en version poche chez Le livre de poche (600 pages).

 

images (2) (112x173).jpg  images (1) (107x173).jpg   images (106x173).jpg

L’histoire (éditeur) :

 

Entre féérie et cauchemar la saga de la famille Trueba avec son chef Esteban, riche propriétaire parti de rien, tyran familial et sénateur musclé, sa femme Clara hypersensible et qui dialogue volontiers avec les esprits et une foule de personnages, enfants légitimes ou non, employés, paysans. Portrait d'un pays passé sans transition des traditions rurales à l'horreur des tyrannies modernes. Premier roman de la nièce de l'ancien président du Chili.

 

Mon avis :  

 

« Barrabas arriva dans la famille par voie maritime, nota la petite Clara de son écriture délicate. Déjà, à l’époque, elle avait pris le pli de consigner les choses importantes et plus tard, quand elle devint muette, de mettre par écrit les banales, sans se douter que cinquante ans plus tard, ses cahiers me serviraient à sauver la mémoire du passé et à survivre à ma propre terreur. » Page 9 (premières lignes du roman)

 

En discutant du dernier livre d’Isabel Allende (Le cahier de Maya) avec quelques copinautes nous sommes venues à évoquer son vieux roman  (faut quand même reconnaitre qu’il ne date pas d’hier -j’avais 5 ans lors de sa sortie française !): La maison aux esprits. Si vous ne l’avez pas lu, vous en avez sans doute déjà entendu parler, ne serait-ce par son adaptation ciné au casting très sympathique (Glenn Close, Jeremy Irons, Antonio Banderas, Meryl Streep, Winona Ryder…). Et nous nous sommes rendues compte que nous étions nombreuses à ne pas l’avoir lu, alors qu’il fait presque partie des classiques de la littérature sud-américaine, et que ses critiques sont vraiment élogieuses. Faute avouée, à moitié pardonnée ! Oui, mais restait encore à lire ce bon pavé de 600 pages (écrit en petits caractères pour le plus grand plaisir des yeux !) pour que notre erreur soit réparée.

C’est chose faite ! Et que dire maintenant, si ce n’est qu’il ne faut pas laisser passer cette lecture. Les critiques sont justifiées mille fois ! La maison aux esprits est un grand roman, qui m’a fait passer un merveilleux moment avec la famille Del Valle-Trueba.

 

La maison aux esprits est une saga familiale qui nous emmène en Amérique du Sud. Où précisément ? mystère… Les lieux font penser au Chili (tout comme l’histoire) mais aucune indication précise ne le confirme. Nous y suivons trois générations de femmes, leur quotidien (coups durs et moments forts) et traversons avec elles des décennies de vie et d’histoire : enfances, mariages, naissances, morts, bouleversements politiques, désillusions, pertes et retrouvailles… il se passe beaucoup de choses ici. Des choses de la vie simplement, entre ses drames et ses amours, et aussi un peu de surnaturel avec une Clara clairvoyante, qui en plus de réussir à jouer du piano sans l’ouvrir et déplacer la salière sans y toucher, est capable de prévoir certains événements de l’avenir (un tremblement de terre comme un décès).

 

Avec un texte simple, Isabel Allende arrive à nous entraîner dans une saga familiale  aux nombreux  personnages, sans jamais lasser  ni perdre le lecteur. J’ai pour habitude de prendre des notes lorsque je lis (et en particuliers lorsqu’il y a beaucoup de caractères), et bien j’ai été tellement portée par l’histoire ici que je n’ai ressenti à aucun moment la nécessiter de noter quoi que ce soit.  Tout est très clair. L’auteure noue entre les personnages des liens forts, de cœur de sang et d’esprit, et c’est un des aspects du livre qui m’a le plus passionnée. Certains d’entre eux disparaissent sur des dizaines de pages (voire des centaines) puis reviennent, s’imposent et jouent un rôle fondamentale, jusqu’à faire basculer l’histoire. La part des femmes est ici très importante mais pas autant que le destin !

 

Le style est dense, le texte hyper compact et il faut reconnaître  que les longues phrases et les chapitres très peu (voir pas du tout) aérés alourdissent un peu la lecture. De ce côté, La maison aux esprits n’est pas forcément facile à lire mais c’est loin d’être pénible. On ne le lit pas aussi vite qu’un autre titre de 600 pages, c’est vrai, mais en même temps on ne prend peut-être pas autant de plaisir. Il m’en a donc fallu du temps pour arriver au bout, mais à aucun moment l’ennui ne m’a accompagnée. J’ai vraiment trouvé cette histoire captivante !

Le récit est écrit à la fois à la troisième personne (souvenirs issus des cahiers de Clara raconté par sa petite fille, qui nous fait ensuite part de son vécu) et à la première, du point de vue d’Esteban Trueba, L’Homme du livre. Ce dernier, d’abord promis à l’aînée des Del Valle, finit par épouser Clara la cadette, neuf ans après la mort de sa grande sœur. C’est un homme rude, conservateur, intransigeant,  mais aussi amoureux et attaché aux femmes de sa famille. Son caractère ambigu et son comportement tranchant détermineront de nombreuses choses terribles aussi bien dans les relations que dans les faits qui vont bouleverser cette famille. Il y a ainsi dans ce récit des moments difficiles, et aussi beaucoup de tristesse, mais en même temps de l'humour et tellement de belles choses (l’amour de Blanca pour le même homme depuis qu’elle a 4 ans, la douceur de Clara et la force d’Alba sur qui s’abat le destin de la famille).

 

En refermant ce titre, j’ai eu un peu l’impression d’avoir vécu à leurs côtés durant presque 70 ans et forcément de nombreux sentiments m’ont habitée : la rage, la joie, l’amour, la mélancolie… Isabel Allende n’est pas juste une grande conteuse, elle  se permet aussi quelques critiques des réalités sociales et de la politique du pays (Chili ? et son coup d’Etat de 1973) qui rendent son roman d’autant plus fort.

 

En bref : La maison aux esprits est une saga qui offre une galerie de personnages multiples et entiers. La trame historique donne une force supplémentaire à l’intrigue déjà fascinante. La touche de surnaturel apporte quant à elle magie et davantage d’émotions. Le tout dans une Amérique du sud dépeinte avec finesse et amour.

A lire assurément !

 

« Cinquante ans durant, grand-mère rempli de son écriture se cahiers de note sur la vie. Escamotés par quelques esprits complices, ils échappèrent miraculeusement à l’infâme bûcher où périr d’autres papiers familiaux. Ils sont là à mes pieds, attachés avec des faveurs de couleurs, classé au gré des événement e non par ordre chronologique, tels qu’elle les laissa avant de s’éclipser. Clara les rédigea pour me permettre aujourd’hui de sauver les choses du passé et de survivre à ma propre terreur. Le premier est un cahier d’écolier d’une vingtaine de feuillets remplis d’une délicate écriture enfantine. Il débute ainsi : « Barrabas arriva dans la famille par voie maritime… » » Page 600 (dernières lignes du roman)

 

18658364.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg 

 

Lecture partagée avec  Sweet Maya, angelebb

 



29/01/2014
15 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 292 autres membres