Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Etienne Deslaumes : Violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner

Violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner   d’Etienne Deslaumes     2,5/5 (20-08-2017)

 

Violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner (281 pages) est sorti le 24 Août 2017dans la collection Qui vive des Editions Buchet/Chastel.

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Accident ou suicide ? Réunis pour les funérailles d’Armande, ses proches s’interrogent et revisitent le passé. Leurs monologues dessinent le portrait de deux familles très – trop ? – proches, qui ont enlacé leurs destins jusqu’au drame. Leurs pensées agitent sous nos yeux le ballet de ces questions auxquelles chaque âge a ses réponses : à quoi reconnaît-on l’amour ? comment faire durer le miracle ? où finit l’amitié ? Et surtout : peut-on vivre sans secrets ?

 

Mon avis :

 

Armande, presque la cinquantaine, vient de mourir renversée par une voiture sur une grande avenue de Nice. Ses proches, sa famille et ses amis, se retrouvent à Champigny, en région parisienne, pour ses obsèques.

Le récit, articulé en trois actes (avant, pendant et après la cérémonie) déroule les pensées des uns et des autres, s’interrogeant sur la brutalité de sa mort (et l’éventualité d’un suicide) et réfléchissant à sa vie et forcément alors à la leur aussi.

 

Chacun repense au passé, évoque les souvenir de cette femme tantôt enthousiaste, pleine de défi, à l’écoute, attentive, méchante (quand malheureuse), dont l’image restante est celle d’une figurante pleine de vie mais loin d’être heureuse.

« La vie d’Armande, c’est le contraire de celle que je veux avoir. C’était une vie pour les autres, mais sans les autres. » Page 19

« Quand j’étais plus jeune, je trouvais qu’Armande était infantile. Je me dis maintenant qu’elle savait mettre de l’hélium dans une journée qui tirait vers le bas. Pas seulement la journée, d’ailleurs. » Page 187

 

Mais il est surtout question ici de deux familles, rapprochées par la création d’une société de communication : Desforges-De Graaf et par ses deux « collaborateurs » (et avant tout amis) et « chefs » de famille, deux époux inséparables, acteurs principaux de ce drame : Emilien De Graaf et Christophe Desforges, l’ex-mari d’Armande.

Car si ces deux familles ont construit des relations plus qu’étroites, les trahisons, les non-dits et les mensonges ont au final davantage joué sur les vies des uns et des autres que l’apparente amitié qui les soudait.

 

Dans Violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, il est question de l’existence et du sens que chacun lui donne. L’amitié, la société, la famille (et la place que l’on a en leur sein), le bonheur et l’amour pour principaux thèmes de ces réflexions personnelles.

 

« Épouse au foyer sans gosses, ça ne tenait pas la toute. J’aurais voulu des enfants même si j’avais travaillé, mais là il m’en fallait. Une fois nées, elles sont devenues l’argument de mon statut que j’avais choisi. Ensuite, j’ai été contente de les avoir, toutes mignonnes, avec leurs robes à smocks de chez Bonpoint. Dans mon amour pour elles entrait une part de reconnaissance ; la reconnaissance du ventre, en quelque sorte. » Page 38

 

« L’autre, si proche soit-il, était toujours un peu un instrument. L’instrument de mon bonheur – ou de mon malheur. » Page 35

 

« C’est cela qui fait un couple : se savoir à sa place l’un à côté de l’autre même si…c’est terrible de se l’avouer, cette place est loin d’être aussi ensoleillé que l’on voudrait. » Page 109

« Je ne me suis pas rendu compte assez tôt que le bonheur, ce sont les autres. On veut se faire croîre que c’est nous qui décidons. Qu’on a tout pour être heureux parce qu’on a tant sur le compte en banque, les fringues qui vont bien et la déco qui va avec. Non, le bonheur, c’est quand on joue la même musique que l’autre ou que d’autres. » page 260

  

Dans ce roman choral où tous (ou presque) prennent la parole sans fard, viennent se glisser les mots de la défunte lucide, objective et souvent glaçante et cinglante. Et à mesure que tous délivrent son/leur histoire et celle d’Armande, le récit s’alourdit, de plus en plus imprégné de rancœur de de déception. Et même si les chapitres sont courts et que l'alternances des différents personnages relance positivement la lecture, j'ai trouvé que ça traînait en longueur.

 

Etienne Deslaumes développe beaucoup de sujets de réflexions sociologiques et exprime avec forme des pensées et vérités souvent dérangeantes et tout aussi intéressantes. Il décortique l’univers des relations (professionnelles, familiales et sexuelles) avec style, mais peu d’optimisme.

 

« Ce sont les contrariétés, les drames même, qui nous font exister, et pas seulement parce que, en creux, ils donnent du relief au bon moments, aussi parce qu’ils font de nous des personnes, parfois des personnages ; que serions-nous sinon ? des oisillons qui pépient sottement en attendant leur béquée de satisfaction quotidienne. » Page 52 

 

« On ne nous dit pas davantage que l’amitié se cultive, de même que le couple, de même que la famille. Rien de tout cela n’est acquis. C’est un boulot passionnant mais à plein temps. On arrive à l’âge adulte ignorants, pleins d’illusions absurdes, et on prend pour des échecs personnels ce qui est inévitable. » Page 67

 

Si j’ai aimé la franchise des uns et des autres (nuancées toutefois par certaines tergiversions répétées) et le choix de donner la parole aussi bien aux quadragénaires qu’aux enfants vingtenaires, aux acteurs qu'aux témoins, j’ai fini par me sentir mal dans cette amertume croissante et par trouver ce récit répétitif et ennuyeux (même le dénouement m’a malheureusement laissée sur ma faim).



24/08/2017
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