Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Cécile Sépulchre : Le défilé des vanités

Le défilé des vanités  de Cécile Sépulchre    3/5 (01-2015)

 

Le défilé des vanités  (400 pages) est sorti le 18 novembre 2013 chez Balland, et depuis le 22 janvier en version poche chez Points (408 pages)

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Que n’aurait pas fait Marine pour infiltrer le milieu glamour de la mode ? L’arrivée de la jeune stagiaire dans le célèbre magazine Luxe Addict bouscule le fragile équilibre de la rédaction. Entre la Provinciale ambitieuse et les Parisiennes blasées, c'est le choc des cultures. Futilités drôlissimes et coups de griffes rythmeront son initiation à cet étrange univers…

Bienvenue dans le monde merveilleux des vanités !

 

Mon avis :

 

Martine Pouelzoc est une jeune bretonne qui s’ennuie ferme dans sa Bretagne sage et terne. Elle ne rêve que d’une chose : paris, son glamour et sa mode ultra luxueuse. Elle voudrait être rédactrice dans un journal de mode, et pour ça elle ne voit pas l’intérêt de se plonger dans des études (littéraires ou stylismes) car elle sait qu’elle n’a besoin que de son œil aiguisé, d’un look et d’un carnet d’adresse bien rempli.

Lorsqu’elle arrive à imposer sa crinière rousse lors d’un casting de blondes, Martine, nouvellement baptisé Marine de Rubempré, réussit superbement à dégotter un stage aux côté de Raphael, jeune directeur artistique à Luxe Addict, LE magazine de mode haut de gamme.  Son entrée dans ce monde hors norme, nous permet de découvrir les dessous d’un magazine mode de luxe et plus largement ceux d’un microcosme dont on est loin de tout imaginer.

 

Cécile Sépulchre, ex-rédactrice en chef, n’hésite pas une minute à dénoncer avec drôlerie et panache les dérives d’un monde où le grand n’importe quoi côtoie des diktats changeant  aux rythmes des saisons. Ainsi, on est confronté à un cochon amené par avion pour un shooting sur Paris, à une chef nommé Queen (tout est dit !), à des femmes ultra minces  (pardonnez-moi la litote, mais le terme squelettique ne me plait pas) parce que les griffes de luxes ne veulent pas que les « grosses » (entendez par là les femmes qui taillent au-dessus du 38) déforment leur image… On trouve de tout dans Le défilé de vanités mais surtout beaucoup de choses qui agacent.

 

« Un monde ultra-sophistiqué aux exquises vanités, pour lequel les saisons ont la même importance que les paysans. Les défilés rythment le calendrier comme les moissons, tandis que les capitaines d’industrie et les commerçants attendent la pluie ou le soleil avec ferveur. L’hiver approche, mais tous sont tendus vers l’été suivant, les plus avant-gardistes ayant huit saisons d’avance. Le must-have d’hier devient le comble de la ringardise en un éclair et les règles zappent sans cesse, comme pour décourager les non-initiés. » Page 15

 

« A partir d’un certain âge, toutes les femmes sont bondes et botoxées. Bientôt les brunes deviendront une espèce rare, donc plus cotée. » page 53

« L’agence nous a envoyé un vrai thon alors qu’on avait demandé seulement des tailles zéro. En France, ça fait du 30, je crois. On a dû lui trouver un 38, tu imagines l’horreur. Elle débordait de son jean slim et comme elle était assise, ça faisait un pli ! » Page 68

 

« - J’adore Aida, elle est maigrissimme en ce moment, décréta-t-il en compulsant les fiches.

- Tu as raison, elle a encore perdu 3 kilos, elle est vraiment sublime. Je lui avais dit de ne plus manger le soir et cela a bien marché. Regardez, elle est tellement mince qu’elle n’a plus de poitrine du tout, ça sera parfaitement raccord avec l’esprit des modèles de la saison. Trop cool ! » Page 76

 

L’auteure connait à merveille son sujet et je pense que c’est ce qui fâche (ou désole) le plus. Cette dictature de la beauté unique (et de la minceur) qu’elle présente avec humour a le don d’hérisser les poils ! La mode est régenté par un millions de codes vestimentaires (s’habiller devient un vrai casse-tête si l’on veut être sur le devant de la scène), les budgets sont illimités et les dépenses n’ont presque pas de limite (certaines marques n’hésitent pas à utiliser le prétexte des œuvres caritatives pour dépenser et se mettre en avant) et les bas conflits et manigances sont omniprésents. Vivre dans ce monde c’est être capable de supporter les caprices, les crises d’égo, la tyrannie des uns, les frustrations, l’hypocrisie, la complaisance, le snobisme  et  l’arrogance des autres.

Le rêve de Martine se révèle vite un cauchemar aux yeux du lecteur. Le métier de rédactrice de mode est un métier délicat qui nécessite autant de talent que d’intuition, mais  surtout aussi une bonne dose de perfidie pour écraser les autres et se faire sa place. A travers les différents personnages, et les différents métiers de « Luxe addict », on prend conscience de la véritable difficulté à concilier cette carrière avec une éventuelle vie de famille ou de couple. Et je ne parle même pas de la possibilité de vieillir (ni de grossir), qui est tout simplement exclue. Seule Bille, la jeune assistante un peu ronde et terriblement gentille arrivera à garder son poste malgré ces défauts.

 

Ne vous attendez pas à lire le Diable s’habille en Prada version française. Non, Cécile Sépulchre   propose une fiction où la réalité tient une place majeure. Alors évidement, sans donner l’impression de régler ses comptes (ni animosité ni rancœur), elle balance allègrement. Ses personnages sont quelques fois attachants, mais bien souvent d’autres détestables. Mais on apprend à connaitre tout ce petit monde, à cerner les réactions de chacun et à espérer quelque chose de meilleur pour un petit nombre.

 

J’ai trouvé que l’intrigue était dans le fond assez pauvre, laissant davantage de place à des constats alarmants et franchement honteux. Les révélations sur le milieu sont conséquentes, et on se rend compte qu’on a vite fait le tour. Et puis en fait non, car de nouvelles dérives viennent supplanter les précédentes. Sans la présence de quelques personnages sympathiques, auxquels on s’est attaché (Agathe, Elisabeth et Bille),  on aurait presque envie de reposer le livre au bout de 200 pages. Parce que finalement 400 pages, ça fait long et les redondances finissent par lasser. Et pourtant, même si certains passages m’on ennuyée, le Défilés des vanités reste un roman intéressant et surprenant. Et puis, l’écriture de Cécile Sépulchre  est accrocheuse. Son cynisme, son humour corrosif et sa fluidité font tourner les pages avec plus de facilité.

 

Au final : un livre qui risque de vous dégoûter de la mode chic et de ses dessous !



07/02/2015
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